18 mars 2017

Belle demoiselle, Agonie

Belle demoiselle

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Texte d'Agonie



Elle est belle cette demoiselle. Elle est grande mais cela souligne sa morphologie filiforme, presque androgyne, mais elle arbore de longs cheveux noirs souvent ébouriffés qui contrastent avec la pâleur de sa peau qui laisse presque entrevoir le violet de ses veines. Ses yeux verts perçants sont soulignés par ses cernes qui témoignent de son manque de sommeil. Son regard est malicieux et envoûtant, on ne peut pas s’y détacher, on s’y noie sans y prendre garde car elle sait s’en servir pour charmer quand elle le désire. Ce regard est en permanence accompagné par un petit sourire narquois à la limite de l’insolence qui semble connoter une certaine intelligence. Intelligente, elle l’est. Souvent plus que ce que l’on peut penser. De cet esprit intellectuel il en ressort un comportement manipulateur qu’elle prend plaisir à exploiter. Elle est très bonne menteuse, discrète et muette, elle sait retourner n’importe quelle situation à son avantage. Elle est capable d’obtenir tout ce qu’elle souhaite avec une facilité déconcertante, c’est comme si elle contrôlait le cerveau d’autrui pour s’en servir à son bon plaisir. Telle une succube personne n’est en mesure de lui résister, elle peut faire ce qu’elle veut de qui elle veut. Malgré tout, elle peut paraître froide. Elle semble n’éprouver aucun sentiment, et ceci est une vérité qui a été vérifiée par le passé ; la psychopathie qui lui a été diagnostiquée quelques années auparavant explique indéniablement son état de manipulatrice alliée à sa perversion narcissique. Elle se demande quotidiennement si ce n’est pas cet étrange trouble mental qui l’a conduite ici, dans cette chambre entièrement blanche où sont lit simple auquel elle est souvent attachée semble être le seul élément de décoration. Elle ne comprend pas trop ce qu’elle fait ici, une femme en blouse blanche a essayé de lui parler mais elle s’est rapidement enfuie, le sang glacé par ces yeux verts aux airs menaçants. Elle vaguement compris que des inconnus -eux aussi en blouses blanches- devaient s’occuper des petites marques de piqures qu’elle distingue à peine sur son bras. Marques qui donnent une idée du nombre de seringues pleines d’héroïne qu’elle s’est plantée dans la peau. Mais elle ne voit pas où est le problème. Son corps n’appartient qu’à elle et ce qu’elle décide de lui faire endurer ne regarde qu’elle. Alors elle se demande pourquoi ce besoin de l’enfermer ? La dame en blanc a également essayé de lui expliquer la raison de la camisole qu’elle porte de jour et des attaches sur son lit la nuit, elle a vaguement compris qu’elle était considérée comme dangereuse. Folle aussi peut être ? Elle s’en fiche, elle veut juste sortir de là. Elle n’en pleut plus de cette chambre étroite, vide et blanche. La nuit, elle rêve que ces quatre murs se colorent d’un rouge vif qu’elle trouve magnifique. Qu’elle étale cette sublime peinture sortie des artères d’un homme qu’elle ne connait même pas. Mais d’après la dame en blanc ces beaux fantasmes sanglant n’en sont pas , ce sont des souvenirs. Des souvenirs de ce qui l’a vraiment amenée dans cette chambre. Malgré ce que semble penser cette dame, ces souvenirs n’évoquent pas quelque chose de mauvais pour elle. Au contraire. Quand elle fouille dans sa mémoire, elle se rappelle effectivement de ces évènements. Elle se rappelle de tout, de son extase quand elle a démembré un de ces hommes, du fou rire que l’éviscération d’un autre lui avait provoqué, du goût du sang de chacune de ses victimes qu’elle avait goûté par curiosité. Ce sont des expériences jouissives pour elle, elle ne comprend pas pourquoi ces actes ont l’air si diaboliques. Comment une extase pareille pourrait-elle être si mauvaise ? Elle ne sait pas. Ses nombreux médecins se questionnent ; psychopathe à tendances psychotiques ? C’est fort possible. Mais en attendant, elle esquisse un sourire. Un sourire diabolique qui sublime son visage pourtant angélique. Elle est belle cette meurtrière.

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